10. Full Storm Party 🇹🇭
- Maxime Pannetier
- 7 janv. 2023
- 4 min de lecture
Samedi 7 janvier 2023
Depuis notre naissance nous sommes prédisposés à aimer les petites îles. De taille compréhensible, offrant une connexion simple avec mer, forêt, rivière, plage et parfois montagne, elles sont faites pour nous attirer. Des Cyclades aux Canaries, des îles des Caraïbes aux îles thaïlandaises, de la Corse à Belle Île, de l’île de Pâque au Spitzberg, ce sont des lieux de replis pour les hommes, parfois aussi pour leurs capitaux (paradis fiscaux), pour échapper à des recherches (criminels, repentis), ou pour faire la fête.
Avec Ibiza, Koh Pha Ngan est sans doute l’autre grande île de la fête mondiale. Remontant à une vingtaine d’année (apparemment née en 1998), la fête sur cette île est une débauche d’alcool, de drogues et de danses qui réunit jusqu’à 40 000 personnes en haute saison. Annulée depuis bientôt 3 ans, l’édition de la nuit (la fameuse full moon party) du 6 au 7 janvier 2023 semblait particulièrement attendue. Tout le long des plages, des bars proposent des sceaux d’alcool dans un délire de basses assourdissantes et de néons clignotants. Les fêtards s’adonnent aussi à sauter au dessus d’une corde enflammée créant d’inévitables brûlures. C’est un hasard de programmation que nous soyons présents à Samui ce soir là, soit à un jet de mer de la fête. Nous ne saurons rien de cette fête là, si ce n’est ce que nous avons entendu toute la nuit : de la pluie intense et de fortes rafales de vent.
La tempête s’est installée sur Samui. Nous avons pris le pli de nous coucher tôt / réveiller tôt, et vers 7h notre île joue un remake des moussons. Pour la première fois, nous allumons la grande télé de la chambre, fort généreusement dotée d’un accès Netflix et regardons le début de Glass Onion, dont l’intrigue rejoue le crime parfait dans le huis clôt d’une île de paradis. Ambitieux, je vais tout de même vérifier sur la plage d’à côté que le snorkelling n’est pas possible. Les vagues de 5 mètres me le confirment. J’hésite aussi à reprendre le scooter pour aller randonner dans la jungle, Diane me fais comprendre la même chose que les vagues : non.
Résigné, j’abandonne l’idée de rejoindre le sommet de l’île et des cascades cachées. On change d’hôtel aujourd’hui pour aller vers le Nord, on devait arriver en fin de journée mais on part avec anticipation. Hélas, c’est une zone pratique pour l’aéroport (à 5 minutes) mais qui souffre du syndrome du tourisme de masse. On a un peu la nausée en arrivant : route bondée et bruit, « mafia des taxis » qui pratique des tarifs exorbitants aux étrangers (et qui part si on négocie trop), bars aux musiques qui masquent le bruit des vagues. Notre hôtel est tenu par un breton qui a échoué sur Samui et s’est calé sur les tarifs locaux « après 3 ans où c’était dur ». Certes. La pluie s’est estompée et le vent est moindre, on s’échappe finalement en scooter vers les montagnes en début d’après midi.
Ce que nous voyons de Ko Samui est jusque là finalement décevant et une forme de nostalgie du sud, nos îles de la mer d’Andaman, s’empare de nous. En roulant vers la jungle, on se retrouve dans une nature sauvage qui contraste fortement avec le littoral. La randonnée s’annonce bien mais Diane n’est pas rassurée par la météo et par la possibilité d’un remake de la frayeur de notre virée de la veille. Montées vertigineuses au bitume bien arrosé, on a envie de revenir sain et sauf. On laisse le scooter à un point de vue et on pénètre dans la forêt, on croise de nouveau un gros serpent arboricole vert sur la route. Le serpent s’étale sur 3 bons mètres, je ne suis pas rassuré, un 4x4 déboule de nul part et roule sur le serpent qui, étonnamment, reprend son chemin à toute vitesse dans la forêt.
Finalement après 20 petites minutes de marche, ce ne sont pas les serpents qui nous arrêtent mais 6 chiens se garde qui se montrent menaçant et barrent notre chemin. Diane a une peur bleue des chiens agressifs et je n’ai pas de solution pour avancer. Nous repartons vers le littoral pour découvrir « Fisherman village », un village touristique que le guide du routard vante comme une habile réhabilitation de maisons chinoises de négoces en magasins tendances. Il faut croire qu’on n’a pas la même vision du bon goût : le village en question est une succession de burgers, de pizzas et de magasins de pacotilles sans intérêt, à moins d’aimer les rabatteurs et les attrape touristes.
On poursuit vers le Nord où on déniche finalement un marché typique, où on achète du curry rouge et vert préparé par une cuisinière. On découvre aussi, de manière moins ragoûtante, une succession d’animaux marins vivants notamment des grenouilles posées les unes sur les autres dans un espace ridicule. Plus loin, un étonnant temple présente un bouddha gigantesque et offre, en l’absence de voiture, un peu de calme.
À défaut de mer, de piscine, de rando ou d’activité culturelle, comme dans la ville d’Ao Nang nous nous réfugions finalement vers un salon massage pour nous procurer un peu de la détente que l’île semble s’obstiner à nous refuser. On abandonne aussi l’idée d’avoir un tarif honnête pour les 5 minutes de taxi vers l’aéroport le lendemain à 5h du matin (l’hôtel nous facture 400 baths - 11€, ce qui est 4 à 5 fois le tarif du taximètre en Thaïlande).
Un malheur n’arrivant jamais seul, nous rentrons vers 21h pour préparer nos affaires et dormir, mais la terrasse du restaurant du midi, qui jouxte notre chambre, est occupée par un groupes d’amis américains qui parleront de plus en plus fort toute la nuit, malgré nos interventions et sans doute aussi en raison de l’absence de personnel. Un magnifique perroquet apprivoisé contemple aussi le spectacle et nous partageons la semi privation de sommeil.
La tempête s’est doublement abattue sur nous. Il n’y a pas de fatalité en voyage, souvent des tout petits rien qui changent toute une expérience. On notera pour le plaisir que c’était le « 13 ème » jour de voyage en Thaïlande (le premier étant dans l’avion) !




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